INTRODUCTION
Cet article s'adresse aux enseignants du secondaire et plus spécialement
aux enseignants en sciences. Il vise essentiellement à
les aider à :
- clarifier deux concepts clés en psychopédagogie
moderne : les styles d'enseignement et les styles d'apprentissage;
- mieux se connaître en tant qu'enseignant;
- mieux connaître les élèves en tant qu'apprenants;
- présenter deux situations d'apprentissage en sciences
l'une en chimie (5ème et 6ème), l'autre en biologie
(3ème et 4ème).
1. ENSEIGNER ET APPRENDRE : POINTS DE
REPERE...
Les notes qui suivent sont délibérément
succinctes, elles n'ont d'autre ambition que de situer la recherche
du LEM (Laboratoire d'Enseignement Multimédia de l'Université
de Liège) dans un cadre conceptuel adéquat et opérationnel.
1.1.
Qu'est-ce qu'enseigner ?
A. Conception classique
Poser cette question à des enseignants débutants
voire même à des enseignants chevronnés les
plonge souvent dans une certaine perplexité. Première
réponse qui surgit spontanément (et surtout en
credo pédagogique), enseigner c'est faire des hommes,
enseigner c'est apprendre, enseigner c'est créer des adultes
dynamiques. Ces réponses sont parfaitement légitimes
mais constituent plus une axiologie qu'une réponse précise.
Un autre type de réponse observable surtout chez les enseignants
débutants est concrétisé par l'exemple suivant
: « enseigner, c'est transmettre mon savoir ou encore enseigner,
c'est transmettre mon message ». Là aussi, cette
conception est parfaitement légitime mais jusqu'à
un certain point. Enseigner c'est transmettre, bien sûr,
mais surtout à l'heure actuelle, à l'heure des
médias, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une certaine
réduction de l'acte d'enseigner.
B. Conception moderne
Si on consulte, au hasard, un dictionnaire moderne de pédagogie,
on trouve des définitions qui transcendent la conception
classique de l'axe d'enseigner, conception qui reste légitime,
bien sûr, mais qu'il convient peut-être de dépasser.
Prenons, par exemple, le dictionnaire actuel de l'éducation
de Legendre Larousse 1988; on y lit la définition : «
enseignement : processus de communication en vue de susciter
l'apprentissage. ». Dans cette perspective, enseigner devient
un concept beaucoup plus extensif; enseigner, n'est pas seulement
transmettre une information mais c'est surtout provoquer ou encore
organiser ou encore faciliter ou gérer un apprentissage.
Nous retiendrons surtout la notion de gestion des apprentissages
car, après tout, le terme de gestion englobe à
la fois la facilitation et d'organisation de l'apprentissage.
Conséquences :
a. On peut dire qu'enseigner n'est pas seulement parler comme
disent les anglo-saxons « teaching is not telling ».
On pourrait même dire qu'un enseignant peut être
parfaitement silencieux dans sa classe et être en train
d'enseigner dans la mesure où il organise une situation
d'apprentissage. Rappelons-nous Celestin Freinet, qui revenu
de la guerre 14-18 gazé, a tout à fait rénové
la pédagogie de l'enseignement fondamental parce qu'il
était incapable de tenir de long discours.
b. Enseigner et apprendre sont deux concepts tout à fait
indissociables tout comme vendre ou acheter. Qu'est-ce que vendre
? C'est parler ou vouloir convaincre le client, mais plus fondamentalement
vendre c'est provoquer l'achat, s'il n'y a pas d'achat, il n'y
a pas de vente. De même, s'il n'y a pas d'apprentissage,
il n'y a pas d'enseignement digne de ce nom.
c. Un bon enseignant est donc un « organisateur de situations
d'apprentissage ». En fait, un enseignant, c'est quelqu'un
qui fait du management, c'est à dire qui coordonne les
activités de certaines personnes en vue d'atteindre des
objectifs dûment définis. L'enseignant est un manager
et pas simplement un dispensateur d'informations.
1.2.
Qu'est-ce qu'apprendre ?
Il existe de multiples définitions de l'acte d'apprendre.
Il existe même une multitude de classifications selon des
critères très diversifiés. On distingue
ainsi des apprentissages verbaux ou moteurs, des apprentissages
par l'action ou par l'imitation... Nous nous limiterons ici à
une dichotomie qui se réfère à deux grandes
théories d'apprentissage souvent opposées, mais
en fait plutôt complémentaires.
A. Conception behavioriste
Théoriquement cette conception se rattache aux travaux
de Pavlov sur le conditionnement. En psychologie, le concept
de conditionnement est repris par Watson qui se fait fort de
transformer tout enfant, normalement constitué, en médecin,
avocat ou voleur par le jeu de subtils conditionnements. Plus
récemment, dans les années 60, B.F. Skinner définit
l'apprentissage comme un « conditionnement opérant
», axé sur les renforcements positifs ou aversifs.
Dans la foulée, il invente l'enseignement programmé,
moteur de ce qu'il appelle « la révolution scientifique
de l'enseignement ». Cette conception a suscité
autant d'adhésion que d'hostilité. L'erreur de
Skinner est, sans doute, d'avoir généralisé
à outrance sa théorie. Il est incontestable que
certains apprentissages relèvent bien du conditionnement
mais que d'autres se réalisent d'une toute autre manière.
B. Conception cognitiviste
Le cognitivisme est un courant de pensée de la psychologie
contemporaine qui s'interroge sur la genèse de la connaissance.
Contrairement aux behavioristes, les cognitivistes refusent le
dogme de « la boîte noire » c'est-à-dire
qu'ils considèrent qu'entre le stimulus et la réponse,
il existe une activité interne digne d'intérêt
même si elle n'est pas directement observable. Une des
plus importantes contributions au cognitivisme est sans conteste
l'oeuvre de Jean Piaget qui s'interroge sur le développement
de l'intelligence chez l'enfant. C'est ce qu'il appelle l'épistémologie
génétique. Pour Piaget, les concepts ne s'enseignent
pas, ils se construisent au cours de stades d'évolution
successifs; ils se construisent de bric et de broc grâce
à l'interaction de l'individu avec son environnement.
Dans les recherches du LEM, notre référence
sera, bien entendu, plus constructiviste que behavioriste. Nous
admettons, toutefois, que ces deux courants de pensée
sont complémentaires et que certains apprentissages relèvent,
qu'on le veuille ou non, du conditionnement.
Conséquences :
a. L'apprentissage est un concept extensif qu'on ne peut réduire
aux acquis scolaires. J'apprends à skier, j'apprends le
tableau de Mendeleev, j'apprends la haine, l'amour, j'apprends
à jouer d'un instrument de musique, j'apprends à
conduire une voiture...
Le concept d'apprentissage est extraordinairement extensif. Il
faut bien constater que les apprentissages qui ont marqué
notre vie sont souvent plus des apprentissages existentiels que
des apprentissages scolaires.
b. Comment définir, en fonction de ce qui précède,
l'apprentissage ? En nous référant à la
fois au behaviorisme et au cognitivisme, nous proposons la définition
suivante : l'apprentissage est une modification adaptative du
comportement consécutive à l'interaction de l'individu
avec son milieu. De plus, l'apprentissage doit être plus
ou moins durable et, autant que possible, utilisable. Et quand
on parle de modifications adaptatives, on ne préjuge pas
de la désirabilité sociale de l'apprentissage;
on peut apprendre à tuer, à voler, à mentir
comme on peut apprendre à aider son prochain, comme on
peut apprendre à résoudre une équation.
c. Le but de l'apprentissage n'est pas le savoir, mais l'action.
En d'autres termes, le but de l'apprentissage c'est d'accroître
notre qualité de vie. Ce critère n'est pas toujours
très explicite dans les apprentissages scolaires.
d. Certaines conditions facilitent les apprentissages. Ces conditions
ont été mises en lumière par les recherches
sur les conditions de l'apprentissage; nous les avons exprimées
en termes d'efficacité didactique. Un des premiers principes,
c'est le principe de signification; tout apprentissage doit être
significatif, c'est-à-dire qu'il doit s'insérer
dans un réseau de choses connues et vécues par
l'apprenant.
2. LES STYLES ET STRATEGIES
D'ENSEIGNEMENT
2.1. Les styles d'enseignement : un concept opérationnel
Entre autres acceptions, le « style », c'est la
« manière personnelle d'agir, de se comporter...
» (ROBERT). Par extension, on parle de « style de
vie », de « style d'action »...
Pourquoi pas «style d'enseignement » ?
En éducation, depuis les célèbres expériences
de Lewin, Lippit et White (1939) sur les styles de commandement,
ce concept est relativement familier. Le style se rapporte à
la manière personnelle d'établir la relation avec
les élèves, de gérer une classe ou un groupe
d'apprentissage, sans préjuger des méthodes ou
des techniques mises en oeuvre.
Plusieurs recherches ont été consacrées
aux différentes « dimensions » des styles
d'enseignement et à leur incidence spécifique chez
les apprenants (cfr bibliographie). Une revue, même sommaire,
de ces travaux dépasse le cadre de cet article.
Relevons simplement quelques indications générales
:
- le concept de style d'enseignement s'avère utile
à la compréhension et à l'explication du
processus enseignement-apprentissage;
- il n'existe pas un style idéal d'enseignement qu'il
faudrait s'efforcer de maîtriser, mais bien des styles
relativement opportuns en fonction de diverses variables individuelles
et institutionnelles;
- une des caractéristiques de l'enseignant efficace
est la capacité de varier son style et ses stratégies.
En formation, ce concept de « style » nous paraît,
finalement, plus opérationnel que les concepts classiques
plus extensifs ou plus restrictifs comme méthodes, systèmes,
techniques, attitudes, skills,...
Pour éviter toute équivoque, nous nous en tiendrons
provisoirement aux définitions suivantes :
- style d'enseignement, manière particulière
d'organiser la relation enseignant-enseigné dans une situation
d'apprentissage;
- stratégie d'enseignement, ensemble de comportements
didactiques coordonnés (ex. : exposé, démonstration,
débat...) en vue de faciliter des apprentissages déterminés.
Il reste bien entendu qu'un même style peut faire appel
à des stratégies très différentes.
2.2.
La grille THERER-WILLEMART
En s'inspirant librement des travaux de Blake et Mouton (1964)
en matière de management, Therer et Willemart ont tenté
d'identifier et de décrire quatre styles d'enseignement
représentatifs des pratiques pédagogiques observables.
Ces styles se définissent à partir d'un modèle
bidimensionnel qui combine deux attitudes de l'enseignant : attitude
vis-à-vis de la matière et attitude vis-à-vis
des apprenants. Chacune de ces attitudes s'exprime à des
degrés divers, faibles ou forts, désintérêt
ou intérêt. La combinaison de ces deux attitudes
permet d'identifier quatre styles de base :
1. Style transmissif (9.1), centré davantage sur la
matière;
2. Style incitatif (9.9), centré à la fois sur
la matière et sur les apprenants;
3. Style associatif (1.9), centré davantage sur les apprenants;
4. Style permissif (1.1), très peu centré tant
sur les apprenants que sur la matière.
Schématiquement, la grille se présente comme
suit :
Grille THERER - WILLEMART (1983), inspiré de
BLAKE et MOUTON (1964)
En outre, Therer et Willemart formulent l'hypothèse
que chacun de ces quatre styles peut se révéler
efficace ou inefficace en fonction des situations et en fonction
des interventions plus spécifiques de l'enseignant ou
du formateur. Il n'existe donc pas un « bon style »
valable en toutes circonstances.
2.3.
Comment choisir un style d'enseignement ?
Les recherches sur l'efficacité comparée des
divers styles d'enseignement restent relativement rares et limitées.
A première vue, tous les styles se valent. Mais, est-ce
bien exact ?
En fait, ces mesures comparatives s'appuient, le plus souvent,
sur la mesure de la performance scolaire (achievement test) :
on s'en tient donc aux objectifs cognitifs de niveau inférieur,
sans tenir compte des changements d'attitudes. Dans ces conditions,
il est vrai qu'il n'y a guère d'arguments probants en
faveur de l'une ou l'autre façon d'enseigner. Alors comment
choisir ?
Quatre critères doivent être retenus :
1. La nature des objectifs à atteindre;
2. Le degré de motivation des étudiants;
3. La capacité des étudiants.
4. Le style d'apprentissage des étudiants.
1. La nature des objectifs éducatifs
En principe, tous les styles conviennent pour réaliser
des objectifs cognitifs de restitution. Le choix dépend
alors des circonstances (budgets, horaires...) et des préférences
personnelles de l'enseignant.
Les objectifs socio-affectifs de haut niveau (esprit critique,
capacité de travail en groupe,...) sont atteints plus
aisément par les styles incitatifs et associatifs faisant
appel à des stratégies telles que discussions de
groupe, méthode des cas.
Quant aux objectifs psychomoteurs en sciences (par exemple le
titrage, les manipulations...), ils requièrent nécessairement
le recours à tous les styles et à de multiples
stratégies comme la démonstration, les travaux
pratiques et même le drill.
2. Le degré de motivation
des étudiants
Une stratégie d'enseignement est opportune si elle
induit chez l'étudiant un sentiment de réussite,
de progrès personnel, de responsabilité...
Les stratégies centrées sur l'étudiant favorisent
ces attitudes et induisent ainsi un apprentissage intrinsèquement
motivant. Il convient pourtant de préparer progressivement
les étudiants à ces stratégies moins directives.
Le professeur donnera d'abord un « cadre général
» et des informations fondamentales puis il s'orientera
vers un style de plus en plus associatif.
3. La capacité des étudiants
Peu de recherches expérimentales existent dans ce domaine.
Il semblerait que (Davies,1971 et Dupont, 1982) :
- les étudiants moins «performants » préféreraient
au départ un enseignement plus directif et plus formalisé;
- les étudiants « plus performants » ou «
très performants » préféreraient des
stratégies plus associatives;
C'est dans ce sens qu'on a pu dire et écrire que la pédagogie
non-directive «renforce parfois les handicaps cognitifs
».
4. Le style d'apprentissage des étudiants
Ce point capital est précisément l'objet de
la présente recherche. Nous le développerons dans
le chapitre suivant.
3. STYLES D'APPRENTISSAGE
Peut-on concevoir une façon idéale d'aborder
et de résoudre un problème ? Certainement pas.
Tout dépend de la nature du problème, des circonstances
et, surtout, des spécificités individuelles. En
fait, confrontés à une même situation, la
plupart des sujets observés présentent des réactions
diversifiées, parfois très contrastées.
Comment pouvons-nous interpréter, respecter et valoriser
ces différences ?
3.1.
Qu'est-ce qu'un style d'apprentissage ?
Comme nous l'avons vu plus haut, le style, c'est la «
manière personnelle d'agir et de se comporter... »
(ROBERT). Par extension, le style d'apprentissage d'un individu,
c'est son mode personnel de saisie et de traitement de l'information.
En pratique, et en d'autres termes, le style d'apprentissage
c'est donc la manière préférentielle d'aborder
et de résoudre un problème. Cette définition,
délibérément succincte, appelle quelques
commentaires.
a. Enseigner n'est pas synonyme d'apprendre. Les styles d'enseignement
désignent des modalités de la communication didactique;
les styles d'apprentissage sont des modalités de résolution
de problèmes.
b. Le style d'apprentissage et le style cognitif sont des
concepts distincts, même s'ils sont souvent confondus.
Pour les puristes, le style cognitif est inné et stable
tandis que le style d'apprentissage résulte de l'inné
et de l'acquis et peut donc évoluer par l'expérience.
c. Les styles d'apprentissage ne sont pas l'expression d'une
typologie rigide qui prétendrait classer les individus
en catégories strictes (à l'instar des typologies
classiques). En fait, ils ne reflètent qu'un aspect particulier
de la complexité des personnes.
d. On ne peut hiérarchiser les styles d'apprentissage.
Tout comme dans le domaine sportif, il n'existe pas de relation
univoque entre le style et la qualité de la performance.
Il n'existe donc pas une bonne façon d'apprendre ou
de résoudre un problème. Nous sommes tous différents,
mais complémentaires. Toute tentative pour « normaliser
» la démarche intellectuelle d'un apprenant, toute
tentative pour prescrire un style d'apprentissage idéal
et orthodoxe relève du fantasme normatif qui ne qualifie
pas pour enseigner.
3.2. Etat des recherches
Il y a bien d'autres styles cognitifs que ceux évoqués
dans le tableau ci-dessous. Mais il faut prendre garde au fait
que ce tableau accuse à l'excès les oppositions,
comme si chaque « couple » de termes était
binaire. En fait, sous des termes divers, on trouve de nombreuses
interférences.
STYLES D'APPRENTISSAGE
1. CENTRATION
BALAYAGE |
BRUNER
1956 |
2. IMPULSIFS
REFLEXIFS |
J. KAGAN and
PEARSON
1966 |
3. HOLISTES
SERIALISTES |
PASK et SCOTT
1976 |
4. INTUITIFS -
RECEPTIFS ou NORMATIFS
MÉTHODIQUES - RECEPTIFS ou NORMATIFS |
KEEN et Mc KENNEY
1976 |
5. DÉPENDANTS DU CHAMP
INDÉPENDANTS DU CHAMP |
A. WITKIN
1978 |
6. AUDITIFS
VISUELS |
A. de la GARANDERIE
1980 |
7. DIVERGENTS
CONVERGENTS
ACCOMODATEURS
ASSIMILATEURS |
KOLB
1985 |
8. CERVEAU GAUCHE
CERVEAU DROIT |
B. McCARTHY
1986 |
Sur le plan pédagogique, que
peut-on tirer de tout cela ?
J.P. Astolfi propose trois réflexions.
« a. Sur la base de ces travaux, par l'idée de
pouvoir dresser le « profil » de chaque élève,
ce qui garantirait une meilleure efficacité pour nos actions.
Ce serait oublier qu'il est impossible, à partir de ces
données, de reconstituer l'ensemble d'une personnalité
d'élève.
Cela nous oblige à rester modestement au niveau local
en examinant quel aspect est le plus directement concerné.
b. On oublie facilement que l'on est soi-même situé
quelque part par rapport à ces styles, ni « neutre
», ni « au-dessus ». Et cela retentit d'abord
sur la façon d'enseigner, revers de la façon personnelle
d'apprendre.
c. Il faut garder à l'esprit la « double contrainte
» qui s'impose : veiller à ce que l'enseignement
ne pénalise pas les élèves dont le style
d'apprentissage est éloigné de celui de l'enseignant;
mais en même temps éviter d'enfermer chacun dans
son propre système, lui offrir une évolution possible
pour lui.
Car il y a deux manières symétriques d'empêcher
un élève d'évoluer et d'apprendre : soit
lui proposer quelque chose qui soit trop « sur mesure »
et ne le tire pas vers l'avant; soit lui présenter un
but tellement distant de ses possibilités immédiates
que cela le dissuade d'abord d'entreprendre. »
3.3.
Comment utiliser les styles d'apprentissage ?
Depuis des siècles, les maîtres classent les
élèves en fonction de leurs notes aux examens.
Depuis des décennies, les psychologues classent les sujets
en fonction de leur Q.I. Peut-être est-il temps de compléter
ces évaluations par des approches moins normatives, moins
hiérarchisées, où la promotion de la diversité
prime la sélection par la conformité. Les recherches
sur les styles d'apprentissage peuvent nous y aider.
Comment faire ? Les quelques pistes suivantes peuvent aider
:
- L'auto-diagnostic de l'enseignant. En connaissant mieux
ses propres habitudes cognitives, l'enseignant pourra les relativiser
et sera moins tenté de les privilégier.
- L'auto-diagnostic des élèves. Pask et Scott
(1976) ont démontré expérimentalement que
le non respect du style d'apprentissage des élèves
hypothèque leurs apprentissages et provoque leur échec.
Dans ce sens, un diagnostic valide des styles d'apprentissage
permettrait de mettre en oeuvre une véritable pédagogie
différenciée (cfr. expériences finlandaises,
Leino et al., 1989).
- Une meilleure gestion des ressources humaines (G.R.H.).
A l'école, comme dans l'entreprise, l'identification des
styles d'apprentissage devrait permettre une utilisation optimale
des compétences, une communication plus efficace et la
constitution d'équipes plus performantes lors de travail
de groupe.
4. COMMENT IDENTIFIER LES STYLES D'APPRENTISSAGE : ISALEM-96
4.1.
Présentation d'ISALEM-96
L'Inventaire des Styles d'Apprentissage du Laboratoire d'Enseignement
Multimédia, couramment appelé ISALEM, a été
mis au point il y a plus de 6 ans par l'équipe pluridisciplinaire
du Laboratoire d'Enseignement Multimédia (LEM) de l'Université
de Liège. Basé sur la théorie de l'apprentissage
expérientiel de Kolb (Kolb, 1984) et le learning-style
inventory (LSI) du même auteur (Kolb, 1976 et 1985), ce
questionnaire présente douze situations rencontrées
aussi bien dans le monde scolaire que dans la vie de tous les
jours. Pour chaque situation, quatre réactions (correspondant
chacune à un des styles d'apprentissage) sont proposées.
Il convient de les classer dans l'ordre qui correspond le plus
à sa préférence. Pour ce faire, il suffit
d'attribuer un chiffre (de 1 à 4) à chacune des
réponses données sachant que le 1 correspond à
« c'est tout-à-fait moi » et le 4 à
« c'est rarement moi ».
Le questionnaire a été construit de manière
à ce que les styles d'apprentissage ne soient pas directement
apparents lors du choix des réponses (contrairement au
test de Kolb) afin d'éviter tout biais.
Un exemplaire du questionnaire ISALEM 96 utilisé dans
notre recherche, est présenté en annexe.
4.2.
Validation
Le traitement statistique des données a été
effectué par le professeur A. ALBERT du Centre Interdisciplinaire
de Statistique de l'ULg. Il avait pour objectifs :
- l'étalonnage du questionnaire, c'est-à-dire l'établissement
d'une échelle permettant de situer le résultat
obtenu par un sujet par rapport aux résultats qui ont
été observés antérieurement dans
une population de référence suffisamment nombreuse
et homogène de sujets comparables à celui qui a
été examiné;
- de vérifier l'absence de biais;
- d'étudier l'appartenance cognitive des élèves
en fonction du sexe, de l'âge, du type d'enseignement fréquenté
(général, technique ou professionnel).
Il résulte de l'étude statistique que les résultats
fournis par le test ISALEM 96 peuvent être interprétés
à l'aide d'un seul et même système d'axes,
quels que soit le sexe du sujet, son âge, l'année
d'étude et le type d'enseignement fréquenté.
Cette étude permet donc de remettre en cause certains
préjugés sur l'enseignement technique et professionnel.
Il n'y a pas de différence statistiquement significative
entre la répartition des styles d'apprentissage dans l'enseignement
général et dans les enseignements technique et
professionnel.
4.3.
Evaluation critique
Les problèmes d'apprentissage proposés par les
concepteurs de l'ISALEM sont des problèmes que l'on rencontre
à la fois dans le monde scolaire et dans la vie de tous
les jours, ce qui reflète bien une des thèses fondamentales
de Kolb selon laquelle l'apprentissage, au sens large, ne se
produit pas exclusivement en contexte formel. En proposant des
situations d'apprentissage précises et variées,
ISALEM évite le biais créé par le learning-style
inventory de Kolb (LSI) qui ne propose que des situations très
générales d'apprentissage, ce qui semble encourager
les individus questionnés à ne se remémorer
qu'une situation d'apprentissage unique, laquelle est, rappelons-le,
souvent exclusivement de type scolaire.
Il est beaucoup plus difficile, à première vue,
de décoder ISALEM que le LSI et ce, pour les trois raisons
principales suivantes :
1.Les quatre modes d'apprentissage ciblés par les différentes
propositions de réponses n'apparaissent pas sous forme
de mots clés. Il faut être un peu familiarisé
avec la théorie de l'apprentissage expérientiel
pour savoir que, dans les propositions de réponse, une
correspond à la conceptualisation abstraite, une deuxième
à l'expérimentation active, une troisième
à l'expérience concrète vécue et
une quatrième et dernière à l'observation
réflexive.
2.La présentation du questionnaire contribue elle aussi
à rendre l'ISALEM nettement moins transparent que le LSI.
3.L'ordre d'apparition des quatre modes d'apprentissage expérientiel
varie systématiquement d'un problème à l'autre.
5.
RECHERCHES DU LEM
Quand on examine les activités de laboratoire, on se
rend compte qu'elles se fondent souvent sur des protocoles directifs,
laissant peu de place à l'initiative et à la démarche
personnelle. Si cette approche directive convient à un
certain nombre d'élèves, elle peut susciter le
découragement chez d'autres.
Pour aider les élèves du secondaire à
retrouver le goût des sciences et à acquérir
une démarche expérimentale, nous avons élaboré
des séquences didactiques en chimie et en biologie, en
principe, adaptées aux styles d'apprentissage des élèves.
Dans un premier temps, nous avons demandé aux élèves
de répondre au questionnaire ISALEM 96. Dans les classes
participant à la recherche (384 élèves),
nous avons identifié une majorité d'élèves
méthodiques-réflexifs (43,5 %), le deuxième
groupe principal étant des intuitifs-pragmatiques (24,7
%), le troisième groupe, les intuitifs-réflexifs
(16,7%), le quatrième, les méthodiques-pragmatiques
(9,6%). Il y a également quelques élèves
qui présentent 2 styles préférentiels (5,5%).
Les professeurs participant à la recherche ont alors
proposé à leurs élèves un des modules
(biologie ou chimie) divisés en séquences adaptées
aux différents styles d'apprentissage et leur ont demandé
de noter leur intérêt pour les différentes
séquences.
5.1.
Les deux modules : Chimie et Biologie
CHIMIE
En chimie, le thème du module a été choisi
en accord avec Messieurs les Inspecteurs de chimie, Ph. Arnould
et J.Furnemont, et a été axé sur les réactions
d'oxydoréduction, la cellule électrochimique et
les potentiels d'électrode; il a été proposé
à des élèves de 5ème et 6ème
année de l'enseignement général et technique
de transition.
Le module fait découvrir les piles (composition, fonctionnement,
chimie) et l'échelle de classification des couples rédox
au travers d'une série d'activités.
Ces activités comprennent des laboratoires à la
découverte, des laboratoires avec protocole, des exercices
à résoudre individuellement, des confrontations
de réponses, le recours à un vidéogramme,
des discussions...
Ces séquences peuvent être mises en relation
avec les styles d'apprentissage des élèves, avec
le style d'enseignement de l'enseignant et avec la démarche
proposée par les Inspecteurs (schéma en application)
ainsi que le montre le tableau 1 présentant une partie
du planning du module.
TABLEAU 1 : DÉBUT DU PLANNING DU MODULE DE CHIMIE PRÉSENTANT
QUELQUES SÉQUENCES MISES EN RELATION AVEC LES STYLES D'APPRENTISSAGE
DES ÉLÈVES ET LES STYLES D'ENSEIGNEMENT.
DÉROULEMENT
(ACTIVITÉS DES ÉLÈVES) |
DURÉE
(à titre indicatif) |
STYLES
D'APPRENTISSAGE |
STYLES
D'ENSEIGNEMENT |
SCHÉMA
EN APPLICATION |
- LES PILES
1. Introduction
Discussion conduisant les élèves à se
poser les trois questions suivantes :
- Qu'est-ce-qu'une pile?
- Que faut-il pour fabriquer une pile?
- Comment fonctionne-t-elle?
|
1ère séance |
Intuitif (fait appel à l'expérience vécue)
Réflexif (intègre les différentes données
pour trouver la réponse aux problèmes)
|
Incitatif (questions - réponses, l'enseignant garde
le contrôle du groupe et de la matière)
|
Idée (traiter les données d'un texte pour
analyser une situation-problème)
|
2. Que faut-il pour fabriquer une pile?
2.1. Expérimentation
2.1.1. Une pile du type Volta
2.1.2. Une pile scolaire
(2.1.3. Une pile à 4 sous)
à faire éventuellement en II.1.1.2
|
|
Intuitif (labo. sans protocole)
Pragmatique
( il y a directement expérimentation)
|
Associatif non directif (travail de groupe, l'enseignant intervient
à la demande des élèves)
|
Action (Expérimentation : réaliser et schématiser
des piles)
|
2.2. Synthèse |
Fin de la 1ère heure |
|
Incitatif et transmissif |
Conclusion (1ère
définition (descriptive) d'une pile) |
Dans les activités proposées, un laboratoire
sans protocole permettant de faire découvrir ce qu'il
faut pour fabriquer la pile la plus simple, une pile de Volta,
s'adresse aux intuitifs (laboratoire sans protocole) pragmatiques
(il y a directement expérimentation).
Un laboratoire ultérieur avec protocole mettant en évidence
les réactions chimiques se déroulant dans une pile
de Volta et une pile de Daniell s'adresse particulièrement
aux méthodiques (laboratoire avec protocole, proposant
une démarche très structurée) pragmatiques
(recours à l'expérimentation).
BIOLOGIE
En biologie, le problème des activités de laboratoire
est tout à fait particulier. En effet, la biologie fait
appel à des organismes vivants qu'il est délicat
de cultiver ou d'élever à l'école ou encore
à des paramètres qu'il est difficile, voire impossible
de déterminer et de mesurer en classe... Pour permettre
aux élèves d'observer, de mesurer, d'énoncer
des hypothèses et d'acquérir ainsi les bases d'une
démarche scientifique, il faut envisager d'autres approches.
En collaboration avec Monsieur l'Inspecteur L.Mathot, le module
de biologie réalisé a pour titre « L'organisme
humain : approche systémique. Interactions entre les systèmes
digestif, respiratoire et circulatoire. » Ce module constitue
une leçon de synthèse pour des élèves
de 3ème année de l'enseignement général
et technique de transition. Ce module intègre notamment
un vidéogramme sur l'évolution de certains paramètres
(température du corps, masse...) d'une sportive au cours
d'un marathon. Ces séquences peuvent être mises
en relation avec les styles d'apprentissage des élèves
et avec le style d'enseignement de l'enseignant ainsi que le
montre le tableau 2 présentant une partie du planning
avec les activités et les styles.
TABLEAU 2 : DÉBUT DU PLANNING DE BIOLOGIE PRÉSENTANT
QUELQUES SÉQUENCES MISES EN RELATION AVEC LES STYLES D'APPRENTISSAGE
DES ÉLÈVES ET LES STYLES D'ENSEIGNEMENT.
Divisions |
Déroulement |
Styles d'apprentissage |
Styles d'enseignement |
1ère
partie |
Discussion : Que ressentez-vous lorsque
vous avez accompli une activité physique? |
Intuitif (on fait appel à ce qu'ils
ont vécus)
Réflexif (ils doivent faire appel à ce qu'ils
ont étudié et intégré différents
paramètres) |
Associatif |
2ème
partie |
Vous avez beaucoup d'idées, pour essayer de
les organiser, je vous propose de regarder un film sur l'épreuve
physique qu'est le marathon.
Consignes :
- Répondre à 3 questions :
- Quels sont les paramètres qui sont analysés dans
la performance du coureur?
- Décrivez l'évolution de ces paramètres
au cours de l'épreuve (si possible, données chiffrées).
- Quelles sont les relations entre ces différents paramètres?
- Prise individuelle de notes, structuration des réponses
en vue d'une présentation en groupe.
Film
Travail en groupe
Synthèse : un groupe trouvant leurs réponses
claires et structurées délègue un représentant
pour noter leurs résultats au tableau. Les autres font
des suggestions.
¦ discussion sur la présentation et la validité
des résultats.
Réponses aux questions, analyse et réflexion sur
des sujets plus pointus (à détailler) :
|
Méthodique
(ils doivent regarder le film et répondre au questionnaire)
Réflexif
(ils doivent traiter et organiser les données)
|
Incitatif
Transmissif
(pour la réalisation des schémas)
|
5.2.
Résultats et interprétation générale.
Pour évaluer les séquences mises au point, les
élèves ont noté leur intérêt
pour les différentes séances sur une échelle
de 1 à 5; 1 correspondait à « je n'ai pas
du tout aimé » et 5 « j'ai beaucoup aimé
». Les moyennes sont reprises dans le tableau 3.
CHIMIE
TABLEAU 3 :
Légende :
N° de la séquence :
1 = Introduction = séquence pour intuitifs-réflexifs
2 = Laboratoire sans protocole = séquence pour intuitifs-pragmatiques
3 = Exercices = séquence pour méthodiques-réflexifs
4 = Confrontation des réponses = séquence pour
méthodiques-pragmatiques
5 = Pile de Volta - Pile de Daniell = séquence pour méthodiques-pragmatiques
et
méthodiques-réflexifs
6 = Discussion sur le second exercice : séquence pour
intuitifs-réflexifs
7 = Echelle des couples rédox = séquence pour méthodiques-réflexifs
8 = Vidéo - De Volta à la pile à combustion
= séquence pour méthodiques-réflexifs
9 = Conclusion - Discussion = séquence pour intuitifs-réflexifs
Style d'apprentissage : IP = intuitif-pragmatique
IR = intuitif-réflexif
MP = méthodique-pragmatique
MP-MR = méthodique-pragmatique et méthodique-réflexif
MR = méthodique-réflexif
() Nombre d'élèves présentant ce style d'apprentissage.
Quand on regarde le tableau des moyennes obtenues pour les
différentes séquences en fonction des élèves
présentant un même style d'apprentissage, on constate
que quel que soit le style des élèves (sauf pour
les 8 élèves présentant le style méthodique-pragmatique-réflexif
pour qui la moyenne la plus élevée correspond à
la séance 9 (discussion, conclusion), la séquence
2 (laboratoire sans protocole) obtient la moyenne la plus élevée.
La séquence 1 (introduction) a la moyenne la plus basse
pour les méthodiques-pragmatiques et la 5 (Pile de Volta-Pile
de Daniell) la moyenne la plus basse pour les méthodiques-pragmatiques-réflexifs.
La séquence 6 (discussion sur le second exercice) a la
moyenne la plus basse pour les élèves des autres
styles d'apprentissage.
BIOLOGIE
TABLEAU 4 :
Légende :
N° de la séquence :
1 = Introduction = séquence pour intuitifs-réflexifs
2 = Etude du film = séquence pour méthodiques-réflexifs
3 = Habitudes alimentaires et sportives = séquence pour
intuitifs-pragmatiques
4 = Des gestes qui peuvent sauver une vie = séquence pour
méthodiques-pragmatiques
Style d'apprentissage : I R = Intuitifs-réflexifs
I P = intuitifs-pragmatiques
M R = méthodiques-réflexifs
M P = méthodiques-pragmatiques
() Nombre d'élèves présentant ce style d'apprentissage.
Quel que soit le style d'apprentissage des élèves,
la séquence 4 (La Croix Rouge : des gestes qui peuvent
sauver une vie) obtient la moyenne la plus élevée
et la séquence 1 (introduction) la moyenne la plus basse.
Notons tout de même que, pour les intuitifs-réflexifs,
les moyennes pour les séquences 2 et 3 ne sont plus équivalentes,
la séquence 2 étant la plus élevée;
pour les élèves méthodiques-réflexifs
les moyennes pour des séquences 1, 2 et 3 sont pratiquement
équivalentes.
6. CONCLUSIONS
ET PERSPECTIVES
CONCLUSIONS
On note un attrait marqué en chimie pour la séquence
« à la découverte d'une pile », une
activité de laboratoire sans protocole, et, en biologie,
pour la séquence « Les gestes qui peuvent sauver
une vie » avec un moniteur de la Croix Rouge.
Dans le cadre de notre recherche, les élèves
semblent donc beaucoup plus intéressés par des
activités inhabituelles que par des activités sensées
être adaptées à leur style d'apprentissage.
Nous ne retrouvons pas les conclusions de Germain Simon faites
dans le cadre d'une recherche action sur l'adaptation du modèle
théorique de l'apprentissage expérientiel de Kolb
à l'enseignement de l'anglais. G. Simon avait mis en évidence
une relation entre l'attrait des élèves pour certaines
séquences et leur style d'apprentissage.
Toutefois, il faut noter que les deux recherches ont été
menées dans des conditions totalement différentes.
Dans le cas de G.Simon, il n'y avait qu'un chercheur observant
en permanence l'activité des élèves. Les
enseignants avaient, en outre, été sélectionnés
de sorte que leur style préférentiel d'apprentissage
corresponde à celui du module enseigné. Dans notre
cas, les conclusions sont essentiellement basées sur les
cotes remises par les élèves. Il était difficile
pour le professeur de jouer le rôle d'observateur tout
en animant la classe.
En chimie, le module a été proposé aussi
bien à des élèves de cinquième que
de sixième; ces derniers avaient déjà abordé
une partie de la matière en cinquième de sorte
qu'il pouvait y avoir une certaine répétition dans
les activités proposées.
De plus, les professeurs n'ont pas tous présenté
les séquences de la même manière. Certains
présentaient la séance et organisaient le travail
des élèves; d'autres laissaient leurs élèves
se débrouiller avec le fascicule élève.
La recherche mériterait d'être optimisée
en faisant appel à des observateurs extérieurs
analysant à la fois le comportement et les performances
des élèves et en notant la diversité éventuelle
des approches adoptées par les enseignants. Il est en
effet illusoire lors d'un premier contact avec ce type d'expérimentation
d'espérer que les enseignants impliqués adoptent
une approche « standardisée » prescrite par
les exigences de la recherche. Rappelons que l'enseignant devait
à la fois maîtriser l'approche expérimentale
relative aux styles d'enseignement et d'apprentissage et l'approche
didactique mettant en oeuvre des nouvelles expériences
et de nouveaux supports (documents, vidéo...). D'ailleurs
des contingences extérieures ont pu, comme il a été
signalé, obliger l'enseignant à procéder
à des aménagements de la démarche.
Cependant, il faut relever une constante dans les réactions
des professeurs ayant participé à l'expérience.
Lors de certaines activités (expérience sans protocole,
activité Croix-Rouge), des élèves habituellement
« moins performants » s'animent et des élèves
généralement « plus performants » peuvent
se tourner vers eux.
PERSPECTIVES
Dans l'état actuel de cette recherche, on ne peut procéder
à des généralisations hâtives. Néanmoins,
sur la base de nos observations, de l'avis des Inspecteurs et
des enseignants ayant participé à la recherche,
nous pouvons émettre les suggestions suivantes :
- découvrez votre style d'apprentissage dominant. En
tant qu'enseigant, vous êtes soucieux de mieux connaître
votre façon d'apprendre et ...en conséquence votre
façon d'enseigner. A cette fin, vous trouverez en annexe
un exemplaire du questionnaire ISALEM et sa grille d'interprétation.
- découvrez le style d'apprentissage de vos élèves
à partir du même questionnaire ISALEM. Vous pourrez
rapidement identifier les modes d'apprentissage de vos élèves
et ainsi mieux les comprendre en évitant des hiérarchisations
arbitraires.
A partir de ce diagnostic vous pourrez avec vos élèves
rechercher les méthodes de travail les plus appropriées.
- diversifiez votre enseignement. A l'heure où l'on
parle beaucoup de pédagogie différenciée,
cette recherche illustre bien l'intérêt de la diversité
et la complémentarité des démarches didactiques.
Certes, il ne serait ni possible, ni désirable de mettre
en oeuvre une correspondance terme à terme entre style
d'apprentissage et style d'enseignement. Mais nous sommes pourtant
convaincu que face à la diversité des élèves,
il convient d'élargir le registre de nos comportements
didactiques.
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Presses Universitaires de France, Paris.
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La Garanderie A., « Les profils pédagogiques
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FRSFC-IM 785193 du Ministère de l'Éducation, de
la Recherche et de la formation de Communauté Française
de Belgique. ULg
Lewin, Lippit et White, Ces expériences princeps (1939)
sont décrites et commentées dans la plupart des
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la traduction des textes originaux, on consultera l'anthologie
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McCarthy B., « Hemispheric mode indicator (HMI) »
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Therer J., Nouveaux concepts en didactique des Sciences, Bulletin
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Therer J., Apprendre les langues...mais comment ? Les styles
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Witkin H.A., Moore C.A., Goodenough D.R., et Cox P.W., Field-dependent
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à l'égard du champ » et « indépendant
à l'égard du champ » et leurs implications
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